Conduite des plantations

Les différentes techniques

Plusieurs types de conduite des plantations ou d’itinéraires techniques sont pratiqués en trufficulture selon les régions, les approches des trufficulteurs et l’évolution des connaissances.

L’arboriculture truffière ou modèle “Pallier”

Ce type de trufficulture a été inspiré par la plaquette de J. Grente “Perspectives pour une trufficulture moderne” (1972) et développé dans le Périgord par Raymond Pallier, le premier à l’avoir envisagé avec des moyens conséquents.

Cette conception peut se résumer en quelques points :

  • planter des arbres mycorhizés à haute densité (400 à 800 plants / ha)
  • cultiver fréquemment le sol pour éviter toutes plantes adventices ou concurrentielles et favoriser la pousse des arbres
  • arroser, tailler, désherber et maintenir à la truffe un bon équilibre ensoleillement-ombrage.

Dans l’exemple ci-dessous, une solution intermédiaire a été retenue : écarts à 6 m x 3 m.
Les plants mycorhizés n’étant pas dans la plantation commencée avec des plants truffiers traditionnels, Raymond Pallier a intercalé des plants contrôlés mycorhizés, moitié chênes, moitié noisetiers. Le travail a été réalisé mécaniquement, alternant les passages de disques et de cultivateur. A l’apparition des brûlés, la fréquence des passages mécaniques a été réduite à un travail du sol par an. La pousse des herbes a été également contrôlée par l’usage d’herbicide à faible dose.

Après 25 ans de pratique et d’essais, un bilan s’impose :

  • La plantation comportait 50% de non-mycorhizés, et 25% de peu performants (les pubescents mycorhizés de 1975)
  • Pour n’avoir pas su déceler la meilleure essence locale – le noisetier -, on est passé à côté d’une production extraordinaire :6000 noisetiers plantés à 5 m x 3 m exposés Nord-Sud auraient produit 500 Kg de truffes par an après 12 ans, dans le sol de Sainte-Alvère.
  • L’option de la monocaulie des noisetiers sans possibilité de fertiliser fut un mauvais choix ; le noisetier préfère se régénérer en touffe.
  • Les essais de densité (à 1500 plants/ha), obligeant à des arrachages de chênes à 15 ans, d’où choc, ne furent pas probants.
  • Le mélange des essences à fûts et buissonnantes n’a pas été bon.

Toutefois, il a été démontré :

  • Qu’une plantation travaillée d’une façon raisonnée à zéro-herbe pouvait donner des résultats intéressants et rapidement : entrée en production à 4/5ans. 0bjectif de rendement : 100 Kg/ha.
  • Que la taille et l’élagage n’étaient pas des facteurs rédhibitoires
  • Que la trufficulture en reconversion progressive était viable.
  • Que les hauts rendements provoquent des exportations importantes.

La trufficulture future devra entrer dans une rotation de 20 à 30 ans selon les essences.

L’arboriculture truffière ou modèle “Pallier”

Ce type de trufficulture a été défini en 1994 à la suite de l’observation de rendements exceptionnels dans des plantations d’arbres mycorhizés plus ou moins abandonnées avec recolonisation par une pelouse calcicole (ou de milieu calcaire). Si dans ce type de plantation la production est plus tardive qu’en arboriculture truffière, elle est généralement pure avec Tuber melanosporum, c’est-à-dire non contaminée par Tuber brumale. La trufficulture en pelouse calcicole tend à se développer avec un itinéraire technique qui ménage une phase de non travail du sol (pelouse calcicole) au moment où s’installent les brûlés.

On peut aisément reconstituer leur conduite :

  • Assurer un bon départ des arbres
  • Arrêter toutes interventions après 3 ans environ
  • Pas de taille ou taille modérée, on fauche (ou pas) l’herbe
  • On irrigue d’une façon raisonnée.

Ce modèle ne peut réussir qu’en présence de sols vierges de tous champignons adventices, de préférence bien ensemencés naturellement par la truffe, et avec des plants exceptionnellement bien mycorhizés. Jusqu’à ce que l’on en connaisse les limites, ce modèle fera couler beaucoup d’encre, tout en constituant une bonne hypothèse de travail.

La trufficulture extensive ou modèle “Malaurie”

Il s’agit de valoriser des sols superficiels (causses) par la mise en place de plantations truffières, sur des surfaces difficilement utilisables par l’agriculture, avec un entretien réduit qui ne pénalise pas la marche de l’exploitation agricole. L’entrée en production peut être tardive (15 à 20 ans) sans pour autant obtenir de mauvais rendements.

La trufficulture traditionnelle

Les plantations sont réalisées avec des arbres sans aucune garantie de mycorhization. Les résultats sont très variables, parfois tardifs, contrairement à ce qu’ils étaient au 19ème siècle où le milieu se prêtait à la mycorhization naturelle des arbres par le Tuber melanosporum.

La rénovation truffière

Il s’agit de créer, à partir d’anciennes truffières improductives (milieu trop fermé) ou de landes arborées, des espaces susceptibles de produire des truffes. L’opération va consister à réduire la densité d’arbres et à installer les conditions dans lesquelles se forment les truffières naturelles. Les résultats peuvent être intéressants si l’éclaircissage est suffisant et, surtout, si le milieu renferme l’inoculum du Tuber melanosporum.